Vous plongez ou vous rangez ? #Le billet du vendredi

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Le billet du vendredi... en observation à la plage.

Il y a quelques jours, j’étais sur la plage du lac de Lacanau. Enfants Chéris étaient dans l’eau, pendant que je savourais l’ombre des pins conjuguée à une brise légère, délicieusement tiède au cœur de cette canicule persistante.

Je n’aime pas trop me baigner dans la foule, les flaques de crème solaire et les pansements perdus. J’apprécie en revanche depuis toujours l’observation des scènes de la vie quotidienne, et la plage est un terrain privilégié (comme en témoigne la jolie exposition de photos de Martin Parr « Life is a beach », visible sur les grilles du Jardin Public de Bordeaux). Je laissais donc mon regard planer sur les uns et les autres, imaginant la vie qui allait avec tel couple âgé, telle famille bruyante, tel groupe d’adolescents encombrés de leurs corps.

17h30, c’est l’heure des familles avec jeunes enfants. La sieste est terminée, le goûter pris, les miettes ramassées, le dîner prévu… ne reste plus qu’à partir à la plage. Un homme, une femme et deux petites filles d’environ 5/6 ans dans des jolies petites robes, les cheveux blonds nattés sous des petits chapeaux à fleurs. Je les regarde arriver, la maman portant bravement les sacs avec tout le matériel et le papa tenant la main des petites filles Bonpoint, dont l’excitation commence à monter.

L’endroit du campement est trouvé. Il faut moins de 7 secondes aux petites filles et à leur père pour envoyer par dessus tête les robes, tee-shirt et autres chapeaux inutiles dans l’eau, tout cela envoyé en boules joyeuses sur le sable. Puis dans les secondes suivantes, ce petit monde court dans l’eau, à grands renforts de cris. La maman a eu à peine le temps de poser son sac et de se retourner.

Elle commence par plier tous les vêtements et range chaque robe sur les chaussures correspondantes, le petit chapeau venant couronner ce cairn des temps modernes. Les vêtements du papa sont rangés de même, posés sur les chaussures bateau. Puis c’est l’installation des serviettes, bien parallèles, en prenant soin de ne pas y mettre de sable (ça gratte le sable, surtout sur peau mouillée).

Tout semble sous contrôle à ce stade quand les petites filles reviennent en tourbillons pour réclamer qui les lunettes, qui la bouée. Elles repartent aussi sec, équipées, en laissant les serviettes chiffonnées, dérangées, mouillées. La maman, Sisyphe des Temps Modernes, remet tout en place. Elle est toujours en sandales, jupe et tee-shirt. Elle s’assoit sur sa serviette, un peu hébétée et semble se demander ce qu’elle doit faire maintenant

Amusée et interpellée par cette scène, je me suis demandée ce qui conduit ainsi bon nombre de mères – dont je fais partie – à très souvent différer le plaisir au profit du devoir, y compris en vacances. Plus Marthe que Marie dans mon quotidien, je m’observe fréquemment non seulement dans la réalisation des tâches nécessitées par le moment mais y rajoutant toutes celles que j’anticipe en me disant qu’ainsi ce sera fait. Sauf qu’étant tout le temps en train d’anticiper la suite, je n’ai finalement jamais de moment dégagé et libre pour savourer sereinement le jeu, la détente, le plaisir, le vide. Sauf quand je suis seule et sans enfant, bien sûr, ou la nuit au milieu de certaines insomnies.

Voilà Enfants Chéris qui sortent de l’eau. Nourrie par ce que je viens d’observer, je résiste à la tentation de leur donner leurs serviettes et de ranger « tout de suite, comme ça ce sera fait » le matériel devenu inutile. Et nous partons faire une partie de raquettes – OK, je dois prendre sur moi pour laisser ainsi les serviettes en boule … mais je me soigne !

Et vous, choisirez-vous d’abord de plonger dans le plaisir, ou de ranger ?

Bon week-end !

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